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mardi 29 janvier 2008

Comprendre le Traité de Lisbonne

Le Conseil européen, réuni à Lisbonne les 18 et 19 octobre 2007, a approuvé le nouveau traité réformateur, dit " Traité de Lisbonne ", qui remplace le projet de Traité établissant une Constitution pour l'Europe. Ce traité apporte des modifications à la fois au Traité sur l'Union européenne (Traité de Maastricht) et au traité instituant la Communauté européenne (Traité de Rome).Le 13 décembre 2007, les 27 chefs d'État et de gouvernement se réunissent à Lisbonne afin de signer le nouveau traité. Pour entrer en vigueur, le traité de Lisbonne doit être ratifié par les 27 Etats membres avant le 1er janvier 2009.

En complément du texte officiel, la Fondation Robert Schuman propose 10 fiches expliquant les principales innovations du traité, un document synthétique sur les procédures de ratification dans les 27 Etats membres ainsi que la carte des ratifications.

Vous trouverez aussi les dernières publications de la Fondation sur toutes les questions soulevées par le traité de Lisbonne sur http://www.robert-schuman.org


. Fiche 1 : Pourquoi le traité de Lisbonne ?
• Fiche 2 : Comment fonctionnera l'Union européenne avec le traité de Lisbonne?
• Fiche 3 : Comment décider dans une Union à 27?
• Fiche 4 : Le traité de Lisbonne et les pouvoirs des citoyens dans l'Union européenne
• Fiche 5 : Qui fait quoi ?
• Fiche 6 : Le traité de Lisbonne et l'espace de liberté, de sécurité et de justice
• Fiche 7 : Le traité de Lisbonne en matière économique
• Fiche 8 : Le traité de Lisbonne en matière sociale
• Fiche 9 : Le traité de Lisbonne et la politique d'élargissement
• Fiche 10 : Le traité de Lisbonne et l'action extérieure de l'Union
• Fiche 11 : Ratification par voie parlementaire
• Fiche 12 : Conclusion

Annexe 1 : Liste des traités de la construction européenne
Annexe 2 : Le fonctionnement institutionnel de l'Union européenne
Annexe 3 : Liste des articles relevant du vote à la majorité qualifiée
Annexe 4 : Liste des articles relevant de la procédure législative ordinaire

mardi 26 juin 2007

le mandat pour la prochaine CIG adopté par le Conseil Européen le 22 juin 2007

1. Angela Merkel a réussi un tour de force.

La crise ouverte par les non français et néerlandais est en principe close. Loin de se contenter de donner une « feuille de route », la Présidence allemande a obtenu, lors du Conseil européen, un accord à 27 sur la substance. Ainsi, la conférence intergouvernementale (CIG) n’aura plus qu’à opérer une mise en forme juridique. Ce pari qui n’était pas gagné d’avance a été réussi. Naturellement, le soutien de plusieurs Etats membres, dont la France, y a contribué mais le mérite en revient à la Chancelière.

2. La forme est changée, la substance reste largement préservée.

La principale concession faite au camp du non consiste à renoncer au principe d’une constitution conçue comme un texte remplaçant les traités existants ; le terme « constitution » disparaît, comme celui de « ministre des affaires étrangères », ou ceux de « lois / lois cadres » (au lieu de règlements et directives). Sont effacées aussi les références explicites à la devise, à l’hymne ou au drapeau. Notons que ces symboles ne disparaissent pas pour autant ; ils conservent simplement leur statut actuel. De même, la primauté du droit communautaire expressément énoncée dans la constitution ne figurera plus dans les futurs traités mais sa nature jurisprudentielle est rappelée dans le mandat(1).
En contrepartie, la plus grande part des innovations institutionnelles qui, du reste, n’avaient pas été contestées lors des referendums et que 18 pays avaient agréées, demeurent acquises ; elles sont reprises dans un traité qui modifiera les textes existants, traité UE et traité CE (qui change de nom pour devenir le « traité sur le fonctionnement de l’UE »). Une CIG rédigera le texte modificatif d’ici fin 2007 ; il sera soumis à ratification d’ici 2009, essentiellement par voie parlementaire (même G. Brown s’y est engagé pour le RU).
L’UE est ainsi revenue à la « bonne vieille méthode » du traité modifiant les traités antérieurs. Pour cette seule raison, il est peu opportun de parler de « traité simplifié » puisqu’un acte modificatif est forcément plus complexe à lire qu’un texte obéissant à sa logique propre comme la constitution. Le mandat qui est publié sur ce même site atteste de la difficulté de l’exercice.

3. Les avancées importantes qui sont préservées :

la personnalité juridique de l’Union
la charte des droits fondamentaux qui acquiert force contraignante (sauf pour le RU)
les dispositions de démocratie participative
les changements institutionnels suivants :
la création d’une Présidence stable du Conseil européen (pour 2 ans et demi) ;
la décision sur la base de la double majorité (même si l’entrée en vigueur est reportée à 2014 avec possibilité de demander la pondération de Nice jusqu’en 2017 + un filet de sécurité de type compromis de Ioannina renforcé) ;
la création d’un Haut représentant pour les affaires étrangères, membre de la Commission et du Conseil des ministres (à double casquette) et disposant d’un service diplomatique ;
une certaine extension du vote à la majorité qualifiée, sauf dérogation pour les Britanniques sur certains aspects de la justice et les affaires intérieures (JAI) ;
les dispositions relatives à la Commission.

4. Quelques (bonnes ou moins bonnes) surprises

- La lutte contre les changements climatiques et la politique énergétique sont mentionnées ;
- Le nombre d’Etats nécessaires pour une coopération renforcée est désormais de 9 ; les coopérations renforcées sont facilitées en matière de JAI ;
- Les critères pour l’élargissement (notamment ceux de Copenhague adoptés en juin 1993), sont introduits indirectement dans le droit primaire (nouvel article 49) ;
- La possibilité expresse de réduire les compétences de l’UE est donnée aux Etats ;
- Le contrôle des Parlements nationaux est plus poussé que dans la constitution ;
- La disparition, parmi les objectifs de l’UE de la concurrence « libre et non faussée » ; elle reste toutefois inchangée sur le fond ;

5. Un mot du contexte

Certaines dispositions reflètent bien ce qu’il faut appeler un climat de méfiance envers l’UE et la Commission : la politique de concurrence qui est pourtant d’un des fleurons des politiques communautaires, n’est plus assumée ; contrôle accru des Parlements nationaux (au risque du blocage ?) ; subsidiarité « méfiante ».
L’esprit communautaire semble envolé dans certaines capitales ; les revendications polonaises contre « l’hégémonie » allemande étaient déplacées et pourront rejaillir sur les négociations ultérieures (budgétaires notamment). La multiplication des dérogations en faveur des Britanniques amène à s’interroger sur leur désir de participer à l’UE. La plus vieille démocratie parlementaire du monde est otage d’une presse outrancière qui l’amène à perdre des chances de jouer un rôle leader en Europe.
Les discussions intergouvernementales à huis clos ne sont guère satisfaisantes ; le degré de concurrence à pratiquer dans le marché intérieur, sa combinaison avec une certaine dose de régulation, méritait un débat public où les experts, les acteurs économiques et sociaux, les citoyens pourraient confronter leurs points de vue en public.
Les dérogations sont toutefois accordées à des pays non membres de la zone Euro. Avec l’ouverture des coopérations renforcées, une piste se dessine assez nettement pour contourner les récalcitrants.

(1)Si nous pouvons regretter ces abandons, en raison de leur force symbolique, n’oublions pas que le traité portant constitution restait en droit un traité et que c’est même la raison pour laquelle sa non-ratification par un Etat membre suffisait à empêcher son entrée en vigueur.